Accueil > Interviews > « L’IA n’a rien de magique, c’est un accélérateur de mise en forme ».
Interviews
Isabelle C.
12 avril 2024
15 avril 2024

L’IA a transformé le paysage de la rédaction web en 2023. Le métier de rédacteur web est-il voué à disparaître pour autant ? Nous avons posé la question à Baptiste Guiraud, “rédacteur web augmenté” qui animait une Masterclass au SEO By Night, aux côtés de Vincent Terrasi, expert en IA.

L’IA a-t-elle déjà changé votre façon de travailler en tant que rédacteur ?

Baptiste Guiraud : En réalité, je me suis jeté dessus tout de suite car j’étais arrivé à une période de ma carrière où, après 6 ans à enfiler les mots comme des perles tous les jours par milliers, j’étais usé… L’IA est arrivée pile au bon moment et plutôt que d’y voir une menace j’y ai vu une opportunité. Je me suis tout de suite emparé des outils et j’ai rapidement obtenu des résultats qui dénotaient de ce que j’avais eu comme retours jusqu’alors. J’ai commencé sur GPT il y a presque deux ans.

Et je pense que j’ai été l’un des premiers – si ce n’est le premier – à me revendiquer “rédacteur augmenté”. 

Que fait un rédacteur augmenté par rapport à un rédacteur web classique ?

Baptiste Guiraud : Tout va dépendre de la spécialité du rédacteur. Un rédacteur augmenté a déjà une capacité de production largement supérieure, même en relisant tout. Je plafonnais à 6000 mots par jour avant. Aujourd’hui j’arrive à publier jusqu’à 50 articles par jour. 

L’aspect stratégique n’a pas changé et la façon qu’ont les moteurs de nous comprendre n’a pas changé. Ce qui change, c’est la force de frappe.

L’IA n’a rien de magique, c’est un accélérateur de mise en forme. Il faut apporter le fond et l’IA le met en forme. 

Le rédacteur prend l’outil en main, mais il reste caution du livrable. En partant de ce principe, on évite les écueils dont tout le monde se plaint : “c’est vide”, “le ton n’est pas bon”, “il a halluciné”… 

Peut-on obtenir un bon article directement à partir d’un seul prompt ?

Baptiste Guiraud : Cela n’a pas forcément de sens de le vouloir : c’est la poursuite du one click wonder : j’appuie, le miracle se produit… Mais nous n’en sommes pas là ! En désacralisant ces outils et en se concentrant sur la partie accélération de mise en forme, on casse le paradigme de  “l’intelligence artificielle”. C’est en ses capacités d’outils que réside l’intelligence, et c’est en l’utilisant simplement comme un outil qu’on obtient les meilleurs résultats. 

L’IA ne laisse pas de place aux sous-entendus : elle va faire ce qu’on lui demande. Tout l’enjeu aujourd’hui réside en l’expression claire et sans équivoque du besoin. Mais cela suppose de bien cerner le besoin… Pour qu’un texte soit véritablement représentatif d’une entreprise il faut un brief juste et costaud en amont. 

Qu’avez-vous mis dans votre nouvelle boîte à outils ?

Baptiste Guiraud : Ma boîte à outils n’a pas trop changé. J’ai toujours mes outils d’analyse de trafic et de recherche de mots clés, j’ai YourTextGuru, central en tant que rédacteur. 

En termes d’IA, j’utilise trois modèles : Mistral, Claude, et GPT au sens large : ChatGPT et l’API. 

Il n’y a pas une IA meilleure que l’autre : je les utilise chacun en fonction de mes besoins. Claude par exemple est l’outil qui va avoir le rendu le plus humain. C’est même assez bluffant ! Quand je travaille en hybride j’ai parfois même du mal à retrouver quels passages j’ai écrit moi, et quels passages il a écrit lui.

Mistral est très rapide et a un grand respect de l’aspect sémantique. 

Je me sers plutôt de ChatGPT pour tout ce qui est récupération de data, structuration d’idées, synthèse, ce genre de choses. Et je mélange !

Peut-on vraiment faire des contenus de qualité avec l’IA ?

Baptiste Guiraud : La qualité, c’est subjectif… L’IA devient difficile à identifier et je me fais fort de mettre 10 contenus sous le nez de quelqu’un et qu’il arrive à détecter l’IA. 

Après je ne suis pas dans la création artistique : je travaille sur de la data. J’écris toujours en ayant une idée précise du résultat que j’attends et je cadre le modèle pour l’obtenir.

L’IA a globalement fait baisser les tarifs des articles… Comment s’y retrouver quand on est rédacteur web et qu’on travaille avec ?

Baptiste Guiraud : J’ai pris le parti de m’affirmer très vite comme rédacteur augmenté et de prouver à mes clients que la qualité et le ranking n’en pâtissaient pas et qu’on pouvait toujours me faire confiance, IA ou pas… Au final, je n’ai pas perdu de clients ni baissé le prix de mes prestations. 

On aura beau me dire : “Tu vas plus vite, donc tu peux facturer moins cher’, je répondrai : non, ce n’est pas comme ça que cela fonctionne ! Ce que paie le client, c’est le résultat de 8 ans d’expérience, pas juste le temps passé sur sa solution.   

On voit la même chose dans l’artisanat : on se plaint parfois de devoir faire intervenir un professionnel chez soi et de payer 150 euros pour 15 minutes d’intervention… 

Sauf que le professionnel a le savoir-faire et les compétences pour accomplir la tâche correctement et de façon sécurisée. Non seulement c’est bien fait mais on a une garantie. Le prix est justifié.

Sur ton site on peut lire : “Le web de demain sera sémantique”… Que voulez-vous dire par là ? 

Baptiste Guiraud : C’est ma vision des choses. La sémantique n’est pas que sur les sites : c’est tout ce qui entoure une marque, tout le champ sémantique qui va autour et qui construit l’univers de la marque, la perception côté client ou la perception qu’on voudrait que les clients en aient. Et en fait, demain, les moteurs de recherche vont changer. Nous allons tous avoir des moteurs de réponse dans la main. Il va falloir être bon d’un point de vue image de marque pour être partout et c’est la sémantique qui va permettre aux marques de se distinguer et s’ancrer dans les outils et les esprits.

Les choses vont tellement vite… Ce n’est pas proportionnel ce qui nous arrive c’est exponentiel. 

Bonus track : 

Retrouvez l’Interview on-stage de Baptiste Guiraud. 

L’avis ⭐⭐⭐⭐⭐ des étoiles du SEO 

Merci Baptiste !

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